25 Octobre 2014
Le Conseil de l'Ordre des Médecins de l'Ariège, par l'intermédiaire de son Président le Dr Jean-Pierre ROCHER, communique aux médecins inscrits, les conclusions d'un travail de réflexion et de production de 2 documents, élaborés avec les forces de l'ordre et le Procureur de la république concernant des certificats de décès et le besoin d'autopsie.
Le décès d'un patient dans l'exercice de la médecine est toujours un moment de passage délicat, d'accompagnement des familles, d'annonce du décès de manière digne et de respect du défunt. Que l'on soit un jeune médecin ou un vieux médecin, la mort nous touche au plus profond de chacun d'entre nous et les mots, les gestes, les silences ne s'apprennent pas. Chaque médecin vit la mort à sa manière.
Dans mon expérience de médecin, j'ai le souvenir d'un matin où l'irruption dans mon cabinet de la fille d'un patient m'a immédiatement apporté la nouvelle / Elle venait me demander d'aller sur le champ accompagnée de ses sœurs, beaux-frères etc annoncer le décès de son Papa qui venait de décéder sur la rocade de Toulouse en se rendant au travail. Il était parti en disant "Je m'en vais! A ce soir !" un petit bisou en passant à son épouse et le moteur démarre. Il ne reviendra pas, un accident de la circulation l'a emporté. Sa famille souhaitait que l'annonce de son décès soit fait par leur médecin que j'étais, et nous nous sommes rendus à Pechbusque dans la petite maison du couple tranquille. Dès que l'épouse m'a vue, suivie dans mon dos de la famille, elle a eu un cri "Vous?, Docteur ? Ici ? oh ! Noooooon ! " elle avait compris!. J'avais prévu de quoi lui administrer en cas de besoin, je lui ai expliqué doucement en la prenant dans mes bras, mon cœur serrait, mes larmes montaient, ma voix tremblait puis après ses filles ont pris la suite du drame en charge. J'ai été émue et touchée. Je ne peux oublier la vie brisée, je la connaissais, on était venu m'annoncer la mort de mon Père en 1967, alors je savais ....la douleur, la suite.
L'annonce d'un handicap, d'un décès, d'une malformation, d'une pathologie incurable est un moment clé dans la vie car c'est le moment où les portes s'ouvrent ou se ferment. Je suis fière d'être médecin pour faire de mon mieux auprès de ceux qui sont dans ces moments de l'épreuve : "Dites une seule parole...et je serai guéri".
Je veux être digne en tant que médecin car mourir dans la dignité est l'un de mes combats.
Texte Dr Marie SAJUS